présentation des peintures synchronistiques

vendredi, décembre 15, 2017

La vie rêvée

Gilles Chambon, "La vie rêvée", huile sur toile, 50 x 65 cm, 2017
Trois femmes empruntées à Gauguin, quoi de plus naturel pour peindre "la vie rêvée" ? Le maître de Pont-Aven, en partant à l’autre bout du monde en quête de paradis terrestre, a voulu faire de sa vie un rêve éveillé. Et la plupart de ses tableaux, loin d’être des descriptions fidèles de la vie polynésienne, sont en réalité de pures compositions oniriques. 

Les deux personnages de gauche de ma peinture viennent d’un tableau conservé au Samuel Courtauld Trust, peint en 1897, et qui s’intitule justement « Le rêve » (Te Rerioa en tahitien).

Gauguin, "Le rêve" (Te rerioa), 1897,  95 x 132 cm, Collection Courtauld, Londres

La jeune femme à cheval, sur la droite, vient d’une des dernières œuvres du maître : « Les cavaliers sur la plage » (1902); c'est une composition totalement onirique, inspirée par les courses de chevaux de Degas.
Gauguin, "Les cavaliers sur la plage", 1902, huile sur toile, 73 x 92 cm, collection privée

Ma triade féminine renvoie par ailleurs aux cultes anciens de la grande déesse-mère, souvent représentée comme une divinité à trois visages, en relation avec les trois phases de la lune ou les trois âges de la vie… De ces cultes disparus dérivent la sombre Hécate, ou encore les terribles Moires, mais aussi les trois Hespérides, gardiennes des pommes d’or, et plus près de nous, les trois Maries de la Mer, icônes chrétiennes qui se sont coulées dans un moule mystique beaucoup plus ancien.

Le paysage onirique où campent mes trois déesses rêvées, sort lui aussi du songe pictural d’une femme : il s’agit de Christine Boumeester (1904-1971), née un an après la mort de Gauguin. Gaston Bachelard, dans une préface à ses peintures, disait d’elle : « on l'imagine souriant doucement - ironiquement peut-être - quand les masses colorées sous ses yeux amusés croient pouvoir mettre en paix, dans la lumière du jour, les luttes violentes du monde de la nuit. »

Christine Boumeester,  Composition, 1968 Aquarelle 25,5 x 33,5 cm

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