présentation des peintures synchronistiques

lundi, septembre 18, 2017

La cueillette des fruits défendus : Vertumne et Pomone

Gilles Chambon, "La cueillette des fruits défendus", huile sur toile 62x46cm, 2017
Depuis Adam et Eve, la cueillette des fruits défendus se fait toujours à deux, de préférence un homme et une femme dans le plus simple appareil, et au milieu d’un jardin magnifique.

Pour ce genre d’activité, n’attendez pas l’hiver, aurait dit Ronsard. Pourtant la légende romaine de Vertumne et Pomone, respectivement dieu des jardins et nymphe de la fructification, nous explique quel stratagème Vertumne dût utiliser pour pouvoir étreindre la très belle et très farouche Pomone. Dieu transformiste, il prit l’apparence d’une vieille femme, endormant ainsi la méfiance maladive de la nymphe. Le charme de sa voix et sa faconde firent le reste, et la jeune immortelle ne tarda pas à s’enflammer lorsqu’il révéla enfin sa véritable identité. Peut-être cette légende nous rappelle-elle que la nature a besoin de l’hiver, pour que les germinations végétales s’accomplissent et que monte la sève dans les arbres au printemps.

Perino de Vaga (1501-1547), élève de Raphaël, était dans ses dessins très intéressé par la dite cueillette des fruits défendus, à tel point que certains d’entre eux ont été interdits, jugés trop licencieux. Par exemple celui dont est tirée cette gravure, qui représente l’accouplement de Jupiter avec Mnémosyne, déesse de la mémoire et mère des neuf muses.

Mais il en fit aussi de moins crus, notamment le très beau dessin de Vertumne et Pomone qui se trouve dans les collections du British Museum, et que j’ai réinterprété dans mon tableau. 

Je l’ai resitué dans la transposition renversée d’une aquarelle de 1965 d’un peintre allemand peu connu, Willi Pramann (1909-2006). L’absence de végétation et les couleurs froides m’ont semblé bien cadrer avec l’apparence hivernale adoptée par Vertumne pour obtenir les faveurs de Pomone.
Willi Pramann, "carrière", aquarelle 48,4x62,5, 1965

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