présentation des peintures synchronistiques

dimanche, décembre 08, 2013

Albert Camus, ses amis peintres - Exposition à Lyon



« La force de Camus, lors même […] que l'idée court encore, tel un préjugé tenace, qu'il prêchait une pensée tiède, est d'avoir su y résister par son humanisme intransigeant, réfractaire aux dogmes et à toutes les idéologies. » Macha Séry, Le Monde du 07/10/13, extrait d’un article publié suite à l’exposition controversée « Albert Camus », à Aix-en-Provence. Sartre a dit de lui qu’ « il était de ces hommes rares qu’on peut bien attendre parce qu’ils choisissent lentement et restent fidèles à leur choix. […] par l’opiniâtreté de ses refus, il réaffirmait, au cœur de notre époque, contre les machiavéliens, contre le veau d’or du réalisme, l’existence du fait moral. » Cité par Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié dans « Camus brûlant », pp. 107-108, éd. Stock, 2013.

Le domaine de la critique d’art n’était pas la spécialité de Camus ; mais il ne s’en intéressait pas moins à la peinture. Il a fréquenté au cours de sa vie de nombreux peintres et sculpteurs : certains ont été approchés à Alger dans sa jeunesse, d’autres au gré de rencontres et d’amitiés communes, d’autres encore en lien avec la mise en scène de ses pièces de théâtre. On a parfois ironisé sur ses choix artistiques, arguant qu’il ne s’intéressait qu’à des « peintres locaux » (cf article de Jérôme Serri, L’Express, 5 fév. 2010 : « Camus ou l’étranger… à la peinture »). C’est que dans ce domaine aussi, Camus était « réfractaire aux dogmes et aux idéologies ». L’intérêt qu’il portait aux peintres figuratifs de son époque ne lui était pas dicté par la pensée des théoriciens des avant-gardes, tournés alors vers l’abstraction, mais par le lien sourd et sensuel qu’il établissait entre peinture et enracinement dans une condition  humaine, toujours marquée par la terre et par l’amitié, toujours écartelée entre amour, consentement, et révolte. Des artistes qu’il aimait et dont il a commenté l’œuvre, seul Balthus figure aujourd’hui parmi les grands.

Les manifestations actuelles autour du centenaire de Camus sont une occasion pour redécouvrir ses amis peintres, en particulier ceux qu’il connût en Algérie, dont certains méritent qu’un éclairage nouveau soit porté sur leur oeuvre. Maurice Adrey, Armand Assus, Baya, Hacène Benaboura, Louis Bénisti, Henri Caillet, Marcel Damboise, Jean Degueurce, Raoul Deschamps, Sauveur Galliéro, Richard Maguet, Jean de Maisonseul, René Sintès, Sauveur Terracciano, sont des noms qui ne parlent plus guère aujourd’hui au grand public.

Jean-Pierre Bénisti (fils du peintre Louis Bénisti) et l’association « Coup de soleil en Rhône-Alpes » présentent en janvier 2014 une exposition de ces peintres et sculpteurs à Lyon, au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation*. À ne pas manquer, pour tous ceux qui passeront en janvier par notre belle capitale des Gaules.

*Du 11 au 24 janvier 2014, vernissage le samedi 11 janvier à 11 heures Salle Edmond Locard, Centre Berthelot 14 avenue Berthelot 69007 Lyon - ouvert tous les jours de 14 à 19 heures sauf le dimanche. 

 Mise à jour 20 février 2014 :
Un catalogue de cette belle exposition va être édité par l'association "Coup de soleil en Rhône-Alpes", au prix très raisonnable de 12€ (en souscription). La commande se fait par le bulletin de souscription ci-après. N'hésitez pas !

Mise à jour octobre 2014:
Le catalogue est disponible ; il s'intitule "Camus et les peintres d'Algérie, une longue amitié (1930-1960)" ; La couverture est un tableau de Richard Maguet représentant l'atelier de la Villa Abd-el-Tif

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