présentation des peintures synchronistiques

dimanche, mars 05, 2017

Prométhée supplicié

Gilles Chambon, Prométhée supplicié, huile sur papier, 21x26cm, 2017
Comme tous les grands mythes, celui de Prométhée a nourri au fil des siècles de multiples interprétations, souvent contradictoires, démontrant par là même le caractère nécessairement ambivalent de l’imagination mythologique.
Je renvoie le lecteur à l’article très complet de Robert C. Colin « Le mythe de Prométhée et les figures paternelles idéalisées » in Topique N° 84, Mythes et anthropologie, l’Esprit du temps, 2003.

Prométhée (littéralement celui qui réfléchit avant) est un Titan érudit, initié à toutes les sciences par Athéna. Ému du sort très fruste des hommes, il dérobe le feu dans les forges d’Héphaïstos pour le leur donner, malgré l’interdiction de Zeus. Ce dernier, furieux contre sa désobéissance et contre la témérité des humains, enchaînera Prométhée sur le Caucase, et enverra chaque jour un aigle dévorer son foie, qui se régénère chaque nuit.
Quant aux hommes, il les placera face aux conséquences de leur audace, en utilisant Epithémée (littéralement celui qui réfléchit après), l’un des frères de Prométhée : il lui donne en effet pour épouse Pandore (littéralement celle qui a tous les dons), première femme créée,  image de la perfection - fabriquée par Héphaïstos, et il lui offre en dote une jarre mystérieuse qu’il recommande de ne pas ouvrir (en fait, cette jarre contient tous les maux propres à affliger les hommes : vieillesse, maladie, guerre, famine, misère, folie, vice, tromperie, passion, orgueil…). Évidemment la première femme est curieuse et ouvre la jarre, répandant sur les humains tous les malheurs avec lesquels ils doivent vivre depuis.

Que d’analogies avec l’histoire d’Adam et Eve, et que de points communs entre Prométhée  enchaîné au rocher, le flanc droit déchiqueté par le bec du rapace, et le Christ en croix, au flanc droit transpercé par une lance ! J’avais déjà fait d’ailleurs un parallèle entre la figure de saint Sébastien et celle du Christ. Mon Prométhée a donc encore une fois cette dimension christique, dans laquelle la fragilité humaine investit le  corps du dieu ou du titan.

J’ai utilisé trois sources pour composer mon Prométhée supplicié :

- Un dessin de Raphaël : il s’agit d’une étude de buste, pour une Descente de croix (peut-être le buste du Christ, ou celui d’un des voleurs – 1505-1506, conservé au Metropolitan Museum of Art, New York).
Raphaël Sanzio, dessin d'étude, 1505-1506, Metropolitan Museum of Art, N Y

- Un dessin à la plume de Frans Snyders : l’aigle vient en effet d’une étude réalisée pour le très célèbre tableau représentant Prométhée supplicié, auquel il a collaboré pour Rubens (1611-1618, Philadelphia Museum of Art) ; le dessin de Snyders date de 1612 et se trouve dans les collections du British Museum
Frans Snyders, étude pour Prométhée supplicié, British Museum, Londres


- une peinture de Jean Cotté (né en 1931) : le paysage est réinterprété d’une composition intitulée "A Wagner" (technique mixte sur toile, 1986, , 81 cm x 65 cm). Peintre de l’abstraction lyrique, Jean Cotté a créé sur sa toile une sorte de paysage romantique évoquant Wagner, en utilisant des partitions musicales du maître de Bayreuth, collées dans la peinture.
Jean Cotté, À Wagner, technique mixte sur toile, 81 x 65 cm, 1986, localisation inconnue

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