présentation des peintures synchronistiques

jeudi, juillet 27, 2017

Louis XIV et l’apprentissage de la mythologie par le jeu


Jean Nocret, Louis XIV et sa famille travestis en dieux de l'Olympe, 1670, (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon)

Pendant le XVIe siècle et au XVIIe, la mythologie gréco-romaine s’était imposé de plus en plus comme référence allégorique pour les souverains et la noblesse européenne. Alors que François Ier se faisait encore peindre en saint Jean-baptiste, Henri IV fut représenté en hercule tuant l’hydre de Lerne, et Louis XIV multiplia ses portraits en Apollon. 


À gauche, Jean Cluoet, François premier en saint Jean-Baptiste, Louvre - à droite, anonyme, Henri IV en Hercule terrassant l'hydre, v. 1600, hst 91x74cm, Louvre
Joseph Werner le jeune, Louis XIV sous la figure d'Apollon, vainqueur du serpent Python, Château de Versailles
La connaissance et le goût pour la mythologie avait été inculquée au roi soleil dès son plus jeune âge, de la même façon que celle de l’histoire et de la géographie, comme en témoigne une série de jeux de cartes conçues pour lui.

Sur la commande de Mazarin, le poète Jean Desmarets de Saint-Sorlin et le peintre graveur Stefano Della Bella inventèrent et gravèrent en 1644 quatre jeux pédagogiques pour l'éducation du jeune Louis XIV, âgé alors de six ans : le jeu des rois de France, le jeu des reines renommées, le jeu de la géographie, et le jeu des fables (on trouve une partie en ligne sur Gallica, une autre partie dans les collections du British Museum).

Le jeu des rois de France comporte 64 cartes, dont la soixante-quatrième est celle de Louis XIV lui-même. 

Si les plus glorieux rois ont une carte dédiée, les autres sont regroupés sur une ou deux cartes par qualités. On trouve ainsi : les « régents comptés pour rois », les « ni bons, ni mauvais », les « mêlés de bons et de mauvais », les « sans foi », les « malheureux », les « simples », les « cruels », et les « fainéants ».

Le jeu des reines renommées (qui regroupe les reines légendaires et les reines réelles), comprends 52 cartes et se présente comme un jeu de treize familles, chaque famille regroupant quatre reines (familles heureuse, malheureuse, capricieuse, habile, galante, impudique, bonne femme, cruelle, sage, sainte,  célèbre, pieuse, vaillante).


Le jeu de la géographie comprend également 52 cartes, regroupées en quatre parties du monde (reliées aux quatre couleurs cœurs, trèfles, carreaux, piques), chaque partie chapeautant douze royaumes. Les images ne sont pas des cartes géographiques mais des allégories de chacun des royaumes.

Le jeu des fables, dont je vais maintenant présenter la totalité des cartes, est un jeu destiné à enseigner au jeune souverain les grandes lignes de la mythologie gréco-romaine. Il se présente comme un jeu normal de cinquante deux cartes divisées en cœurs, trèfles, carreaux, et piques. Mais chaque carte montre un personnage ou une scène de la mythologie, et un court texte en rappelle les éléments essentiels.

Les douze figures reprennent dix des douze dieux olympiens auxquels sont ajoutés Saturne (roi de carreaux) et Pluton (roi de piques). Il manque donc Cérès et Vulcain, qui seront intégrés dans les cartes ordinaires, respectivement Cérès – 4 de trèfle, et Vulcain et Thétis – 5 de pique.
Les quatre rois sont Jupiter (roi de cœurs), Neptune (roi de trèfles), Saturne (roi de carreaux), et Pluton (roi de piques) ; les autre dieux olympiens sont réduits de fait au rang de valets : Mars, valet de cœurs, Apollon, valet de carreaux, Mercure, valet de trèfles, et Bacchus, valet de piques. 


Les déesses sont reines chacune d’une couleur : Junon, reine de cœurs, Pallas, reine de trèfles, Vénus, reine de carreaux, et  Diane, reine de piques.


Enfin les quarante cartes numérales évoquent chacune un épisode important de la mythologie. Les voici, classées par couleur :

Les cœurs


Les trèfles


Les carreaux


Les piques

Son imaginaire, formé ainsi dès le plus jeune âge aux "fables" mythologiques, explique sans doute cette prédilection qu'il eut toute sa vie pour l'analogie entre son histoire et les mythes antiques.

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