présentation des peintures synchronistiques

samedi, janvier 10, 2015

La chute des anges


Gilles Chambon, La chute des anges, huile sur toile 60 x 66 cm, 2015
Lucifer, le puissant archange, sorte de Prométhée judéo-chrétien, défia Dieu et fut précipité en Enfer avec ses cohortes d’anges rebelles… Devenu Satan, il donna à Eve et Adam le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, entraînant leur exil du paradis, exactement comme Prométhée, qui, ayant dérobé le feu céleste de Zeus pour le donner aux hommes, fut pour cela enchaîné au Caucase et supplicié pour l’éternité.

Au début du XXe siècle, Malevitch, Kandinsky, Mondrian, suivis par la cohorte des avant-garde, se sont rebellés contre les lois de la représentation figurative qui régnaient jusqu’alors sans partage sur le monde de la peinture. Ils ont ouvert la boîte de Pandore, et ils ont provoqué la chute des arts visuels dans l’enfer contemporain de l’art total, sans règles et sans limites. Mais à l’instar du prince des démons tel que l’avait imaginé John Milton dans Le paradis perdu, beaucoup d’artistes d’aujourd’hui préfèrent « régner dans l’Enfer que servir dans le Ciel ». Milton fait encore dire à Satan : « [En Enfer] du moins nous seront libres. Le Tout-Puissant n’a pas bâti ce lieu pour nous l’envier ; il ne voudra pas nous en chasser. Ici nous pourront régner en sûreté ; et, à mon avis, régner est digne d’ambition même en Enfer. »

L’enfer est-il forcément le prix de la liberté, en art comme ailleurs ? Si c’est le cas, l’avenir de l’humanité est très sombre. Mais gageons que si la liberté peut se conquérir par l’orgueil – qui mena Lucifer en Enfer, et qui préside à tous les aveuglements, elle peut aussi se gagner par la raison, qui éclaire notre esprit et nous fait prendre conscience que toute vraie liberté demande de l’humilité parce qu’elle est relative : elle n’est pas toute puissance, mais partage…

J’ai voulu dans cette toile synchronistique, partager la puissance inchoative abstraite de Zao Wou-Ki (22.07.64, 1964, huile sur toile, 162 x 200 cm) avec l’élégance maniériste de trois figures angéliques, dérivées pour l’une d’un dessin représentant la chute des anges de Palma le Jeune, et pour les deux autres de la toile du Greco représentant le martyre de saint Maurice (Monastère San Lorenzo de l’Escorial).

2 commentaires:

Thérèse a dit…

Vaudrait-il mieux alors avoir la faculte de ne pas savoir/pouvoir penser? Heureux les pauvres d'esprit...

Gilles Chambon a dit…

Je dis exactement le contraire : que la véritable liberté se gagne avec la raison !